En 2020-21, LAGAZEL a mené un projet visant à renforcer et développer la valeur ajoutée locale des ateliers de fabrication LAGAZEL au Burkina Faso et au Bénin. Avec l’appui financier du programme POP VA&EC du DFID, une étude a été menée par l’association de recherche IFSRA afin d’évaluer en quoi la présence desdites usines dans ces localités peut contribuer à l’amélioration du cadre de vie des populations par la création d’emplois et de valeur ajoutée locale. Retrouvez ci-dessous l’étude de cas du lycée professionnel régional Nazi Boni de Dédougou.

 

1. Présentation du Lycée Professionnel Régional Nazi Boni de Dédougou (LPRNZ)

Situé dans le quartier de Moundasso de Dédougou, le Lycée Professionnel Régional Nazi Boni (LPRNB) a été créé par arrêté n°2010-453/MESSRS/-CAB/MD/ETFP du 24 décembre 2010 portant ouverture d’établissements d’enseignement secondaire technique et professionnel. Le Lycée Professionnel Régional Nazi Boni est le troisième lycée professionnel réalisé sur les quatre prévus dans l’exécution du Programme de renforcement de la Formation Professionnel (PRFP).

D’une superficie totale de 25 hectares, l’établissement a officiellement ouvert ses portes en octobre 2013. La capacité d’accueil est d’environ 350 élèves et les formations offertes concerneront les filières ci-après : l’agroalimentaire, l’agronomie, le génie électrique et la maintenance. Le lycée Professionnel Régional Nazi Boni (LPRNZ) est le fruit de la coopération entre le Burkina Faso et la Chine Taïwan.

Photographie 1 : Entrée principale du Lycée Nazi Boni

 

2. Lagazel et le Lycée Professionnel Régional Nazi Boni

Il existe entre Lagazel et le Lycée Professionnel Régional Nazi Boni un accord de partenariat établi depuis l’année 2020 et renouvelé chaque année entre les deux structures. Lagazel y joue un rôle de site d’accueil de stages pratiques pour les élèves du lycée Professionnel. Sous le couvert de cet accord de partenariat, les élèves et prioritairement ceux en classe de Bac Pro viennent compléter leur formation au sein de l’usine, un avantage majeur de son implantation locale. La durée du stage pour chaque groupe d’élèves est de trois mois maximums.

3. Impacts

3.1.   Formation/éducation

Lagazel contribue à la formation des élèves du Lycée Professionnel Régional Nazi Boni de Dédougou en mettant à la disposition de l’établissement un cadre professionnel équipé d’un matériel de pointe. Ce cadre qui permet de compléter la formation théorique des élèves assure au lycée l’amélioration de sa réputation par rapport aux autres établissements par la qualité des résultats scolaires mais aussi par la plus-value d’une formation pratique à travers un stage terrain dans un centre de référence. Il faut préciser que pour le diplôme terminal qu’est le Bac Professionnel, il est demandé aux élèves lors d’une soutenance de présenter un rapport de stage terrain qui est une étape nécessaire à la validation de leur parcours. Ainsi donc, selon les chiffres de Lagazel et ceux de l’établissement bénéficiaire, c’est en tout une vingtaine d’élèves techniciens qui ont eu l’opportunité de profiter des installations de Lagazel depuis la signature de l’accord de partenariat. Par année, c’est au moins trois sessions de stages pratiques de trois mois qui sont offertes à des élèves dont le nombre varie entre trois et six personnes.

Pour l’établissement c’est un souci de moins dans la préparation des élèves à l’épreuve du Bac Pro et un pari gagné dans la nécessité de produire une ressource humaine adaptée aux besoins du marché selon le cahier des charges qui leur est confié par les plus hautes autorités du pays.

Pour les parents d’élèves, ce sont des soucis financiers et logistiques de moins pour offrir à leurs enfants une formation de qualité et sur place. « Si Lagazel n’était pas sur place, il faudrait chercher un centre dans les autres villes pour envoyer mon enfant qui est encore très jeune et qui peut avoir de mauvaises influences. Sur le plan financier il faut louer une maison, assurer sa nourriture, ses voyages aller-retours… », nous confie un parent d’élève qui dit se réjouir du choix de Lagazel de s’implanter dans la région et de contribuer à donner à leurs enfants des chances réelles de réussir par une formation de qualité. Les parents d’élèves du fait de la proximité d’un cadre de stage vont réaliser des économies qui pourront leur permettre de préparer plus sereinement l’après Bac qui est une autre préoccupation avec d’importantes implications financières.

Photographie 2 : trois élèves stagiaires en pleine formation dans l’atelier Lagazel/section assemblage. DDG le 05/10/2021

3.2.   La création d’une expertise locale

Lagazel participe par la mise à disposition de ses locaux et de son personnel qualifié à la création d’une expertise locale, plus proche des usagers et à moindre coût. Avec la crise du système éducatif actuel, le choix des autorités publiques d’aller vers des formations plus courtes et professionnalisantes par la création des Lycées professionnels régionaux ne pouvait aboutir sans l’accompagnement et la présence d’acteurs comme Lagazel sur le territoire national. Le défi de la formation d’une ressource humaine de qualité et spécialisée dans les domaines des énergies hors réseau est d’actualité. Aujourd’hui, les politiques publiques en matières énergétiques s’orientent de plus en plus vers les technologies vertes et notamment le solaire. Ce secteur dispose pourtant de peu de ressources humaines qualifiées au niveau local pour répondre à la demande du marché. Ainsi donc, Lagazel, en plus de constituer une solution pour la transition énergétique par la fabrication au niveau local de produits solaires, se montre également par son partenariat avec le Lycée Professionnel Régional Nazi Boni comme étant un centre de formation de référence qui outille les jeunes dans les métiers du solaire.

Photographie 3 : Elève procédant à l’installation chez un particulier. DDG 06/10/2021

3.3.   Créateur d’emplois indirects

Aujourd’hui il y a un marché des métiers liés au solaire qui se crée à la faveur des nouvelles tendances d’intégrations des produits solaires dans les usages publics et privés. Les populations se retrouvent dans le besoin d’avoir des entrepreneurs dans ces métiers à fort potentiel de main d’œuvre. Les services divers à savoir l’installation, la maintenance, l’appui conseil, la réparation, etc. sont des secteurs qui demandent d’être investis par cette main d’œuvre. Lagazel contribue à la prise en compte des nouveaux besoins en formant une main d’œuvre qualifiée qui peut prendre le relais par la création de petits ateliers de prestation de services. Les élèves qui ont déjà bénéficié des stages avec Lagazel ont eu l’occasion de se familiariser aux technologies solaires et constituent au niveau local cette main d’œuvre qualifiée qui répond déjà à la demande.

Saguin, un des élèves bénéficiaires des programmes de stage entre les deux institutions, fait remarquer qu’il a eu beaucoup de retombées positives sur le plan scolaire et sur sa vie de façon globale. Lors de l’entretien que nous avons eu, il nous explique son expérience depuis son passage à Lagazel en ces termes : « quand j’ai fini mon stage, j’ai commencé à aider certaines personnes bénévolement pour installer leurs kits solaires. A la fin certains peuvent me donner de l’argent et moi je profite appliquer ce que j’ai appris à Lagazel pour ne pas oublier. Aujourd’hui quand je n’ai pas cours, je fais de petits contrats parce que tout le monde veut utiliser les produits solaires. Ça me permet d’avoir un peu d’argent et de ne plus trop demander aux parents et aussi de contribuer à certaines dépenses pour mes petits frères. Si après le Bac je n’arrive pas à aller à l’université je peux m’installer à mon propre compte pour continuer à faire des prestations dans le domaine. Mon souhait c’est de continuer ma formation pour devenir un spécialiste et ouvrir mon entreprise et employer aussi les autres jeunes. ». Par les métiers du solaire, les jeunes améliorent visiblement leur autonomie en commençant par être des solutions à leur propre quête d’emploi et ensuite pour les autres dans la communauté. Si Lagazel n’était pas implantée au niveau local pour offrir ce cadre de formation à la différence des importateurs, cet espoir de création d’emploi resterait une vue d’esprit.

4. Contraintes

La crise sanitaire mondiale et la crise sécuritaire au niveau local a ralenti à certains égards le déploiement de l’entreprise en termes d’investissement en infrastructure et en équipement pour accroître sa production et donc pouvant améliorer également sa capacité d’accueil pour recevoir plus d’élèves dans ses locaux pour leur stage.

De même, l’absence d’une convention de partenariat liant plus officiellement et durablement les deux structures limite les profits que chaque structure peut tirer de l’autre et surtout d’aller vers un ancrage capitalisé de leurs expériences. Ce type de partenariat permet d’impliquer plus officiellement les autres entités desquelles relèvent lesdites structures et de créer une confiance réciproque sur une base juridique.

5. Recommandations

Nous recommandons d’aller vers l’élaboration et la signature d’une convention de partenariat entre les deux parties fixant les obligations de chacun, à l’intérieur de laquelle chacun va désormais agir en toute assurance. Elles ont le bénéfice d’une expérience fondée par une simple entente non formelle entre les deux structures. Cette collaboration de par ses retombées révèle qu’elle peut être approfondie pour accroître sa portée au profit des deux partenaires. Cette dimension de formation/éducation au profit des populations locales peut être dupliquée par l’entreprise partout où elle s’installe.

Les partenariats avec les structures éducatives, écoles de formation ou centres de recherche dans le domaine de la formation professionnelle et de la recherche pourraient être diversifiés, à l’image du projet Azoli au Bénin en partenariat avec l’ANPE pour former des dizaines de jeunes sur la fabrication et réparation de lampes solaires.